FRANCE : Audition du Docteur André Ménache, conseiller scientifique de S.E.A. :

Contre l’expérimentation : André Ménache, vétérinaire; conseiller scientifique pour l’ASBL Suppression des expériences sur l’animal (SEA)

Chers sénatrices et sénateurs, chers députés, mesdames et messieurs, impossible de vous expliquer en 5 ou 6 minutes ce qui m’a pris 40 ans à comprendre sur l’expérimentation animale. Et tout cela avec mon accent belge !
Donc je profite de cette occasion principalement pour faire le plaidoyer de la création d’une Commission d’enquête parlementaire sur la validité du modèle animale (X2).


Lors de cette commission d’enquête, les experts invités à témoigner auraient la tâche de vulgariser leurs arguments afin que les personnes sans formation en science du vivant puissent bien comprendre les enjeux en toute transparence.
Les conclusions de cette enquête devraient aboutir à des recommandations pour faire évoluer les lois qui exigent encore la pratique d’essais sur des animaux.


Voici très brièvement une proposition de questions essentielles qu’une Commission d’enquête parlementaire pourrait étudier de façon approfondie :
1. Quelle est la signification du mot « prédire » en science du vivant ?

2. Quelle est la signification de la complexité et de la biologie évolutionnaire dans ce débat ?

3. Alors que notre plus proche cousin, le chimpanzé n’est plus considéré comme indispensable en recherche biomédicale, pourquoi certains chercheurs insistent toujours pour utiliser des singes, des chiens, des rats et des poissons zèbres, beaucoup plus éloignés de nous en termes d’évolution ?

4. Exemple édifiant : le Botox contient la toxine botulique, la substance la plus toxique au monde. Aux Etats-Unis, l’industrie pharmaceutique a réussi depuis 2011 à remplacer les tests sur des souris par une méthode utilisant des cellules humaines en culture pour homologuer la vente du BOTOX. Si nous possédons aujourd’hui la technologie pour évaluer une substance aussi toxique, pourquoi alors continuer à tester sur les animaux des substances qui le sont beaucoup moins, comme nos médicaments ?

5. Pourquoi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), se base-t-elle principalement sur des tests sur des rats pour établir les valeurs sanitaires de référence et les valeurs toxiques de référence pour les humains ? Nous ne sommes pas des rats de 70 kg.

6. En France en 2018, la dépense intérieure de recherche et développement était de 50 milliards d’euros. Quelle part était attribuée à l’expérimentation animale et celle attribuée aux méthodes sans recours à l’animal ?

7. Pourquoi la représentation de la société civile au sein des comités d’éthiques de recherche animale est-elle minoritaire, voire symbolique, alors que dans les pays scandinaves, elle est représentée à 50% ?

8. L’opinion publique : plus d’un million de citoyens ont soutenu l’Initiative citoyenne européenne intitulée STOP VIVISECTION en 2015. Actuellement, on compte près de 500 000 signatures contre l’expérimentation animale en France via des pétitions comme celles publiées sur « mesopinions.com » et sur les réseaux sociaux des associations de protection animale.

Deuxième table-ronde
1. Le mot « alternative » est trompeur. Pour la majorité du grand public, on imagine qu’une méthode dite « alternative » remplace une expérience sur un animal vivant. En réalité, la plupart (environ 80%) des alternatives concernent la REDUCTION et le RAFFINNEMENT, plutôt qu’un réel remplacement. En ce qui concerne les méthodes de REMPLACEMENT proprement dit, plusieurs utilisent des cellules ou des tissus d’origine animale. Il est donc essentiel de faire la distinction entre le remplacement RELATIF et le remplacement ABSOLU (ex : cellules humaines en culture).

2. Le CEVMA a validé une cinquantaine de méthodes alternatives depuis sa création en 1991, soit deux méthodes par an. Le temps pour valider une méthode alternative est jusqu’à 7 ans et peut couter jusqu’à 1 million d’euros. Alors quelle motivation pour les industriels et pour les chercheurs de développer de telles méthodes ?

3. Ajouté à cela, les autorités ne posent aucune sanction pour non-application de méthodes alternatives déjà validées et même acceptées par l’OCDE.

4. En 2008 le budget du CEVMA était de 15 millions d’euros. En 2018 son budget est de 6 millions d’euros, alors que le projet phare de l’UE de recherche et d’innovation intitulé HORIZON 2020 dispose d’un budget de 80 milliards d’euros. Quel est la situation en France concernant la répartition des fonds publics dans ce domaine ?

5. Les méthodes dites « alternatives » doivent subir un processus rigoureux afin d’être homologuées (3 labos). Cependant le modèle animal, lui, n’a jamais été validé en tant que modèle scientifique pour l’étude des maladies humaines.

6. Il est souvent plus facile pour un chercheur d’obtenir une autorisation pour expérimenter sur 100 souris que d’obtenir une autorisation pour expérimenter sur des déchets chirurgicaux humains destinés à l’incinération.

7. Soyons clairs : on ne peut pas reproduire dans un laboratoire un système vivant complexe entier. Cependant, le modèle animal est moins prédictif pour l’être humain qu’un jeu de pile ou face, donc a priori, toute méthode alternative qui dépasse les 51% en pouvoir de prédiction serait plus performante que les tests sur animaux.

Certes, on ne peut pas remplacer un système vivant complexe entier par des cellules en culture et des ordinateurs, Cependant, en associant plusieurs technologies par étape, le taux de prédiction est bien supérieur à celui du modèle animal.


Audition publique sur l’expérimentation animale organisée par Monsieur Gérard Longuet, Monsieur Cédric Villani et Mme Florence Lassarade de l’OPECST – 17 janvier 2018 – Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques





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