Les tenants de l’expérimentation animale en guerre contre la société civile et ses représentants politiques?
Protection animale et engagement politique
L’interdiction de l’expérimentation animale est une opportunité vers une recherche moderne et fiable
La campagne électorale qui vient d’avoir lieu a mis en avant l’importance que le citoyen accorde au statut de l’animal dans la société. Les prises de positions de certains candidats écologistes ont fait scandale auprès des amis des animaux. Un nouveau parti DierAnimal s’est présenté sur les listes fédérales et régionales et a obtenu un siège à Bruxelles.
Il est important que le politique soit le relais des préoccupations citoyennes et nous espérons que les nouveaux élus sauront une nouvelle fois entendre ceux qui se font les porte-parole des animaux, et feront fi des pressions de certains lobbys.
En date du 10 avril 2019, Éric Muraille, chercheur au F.R.S-FNRS, s’exprimait ainsi à propos de l’arrêté concernant la protection des animaux soumis au gouvernement bruxellois par le parlement bruxellois et visant à une réduction de 30 % du nombre d’animaux utilisés en laboratoire pour 2025 : Fort heureusement, une mobilisation de dernière minute des chercheurs (NDLR : comprenez les expérimentateurs sur animaux) a motivé, in extremis, une modification de l’arrêté par le conseil des ministres et le renvoi aux oubliettes de la proposition de résolution du parlement. (La Libre, 10/4/19)
Ce bouleversement a été évité de justesse selon Mr Muraille qui s’empresse alors de citer :
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le Conseil de la politique scientifique, qui craint que la diminution du nombre d’animaux dans les labos n’impacte la recherche « de qualité » en Belgique ;
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la Commission bruxelloise de l’expérimentation animale, qui craint que la mise en œuvre de l’échéance envisagée de 2025 pour atteindre une suppression de 30 % n’ait des conséquences sur la recherche, sur le bien-être animal (NDLR : On croit rêver), et l’économie en général.
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Et comme la recherche fondamentale est la première utilisatrice d’animaux en Région de Bruxelles-Capitale, Mr Muraille s’appuie sur l’Académie royale de médecine de Belgique, les Académies européennes de médecine et des sciences, l’European Animal Research Association, la Biomedical Alliance in Europe qui considèrent (…) que l’expérimentation animale reste absolument indispensable en recherche fondamentale.
En 2017, 543.094 animaux ont été mis à mort dans les laboratoires belges (statistiques officielles), soit une augmentation de 1,34 % par rapport à 2016 (535.829).
Ces statistiques montrent que 50,23 % de ces animaux (c’est-à-dire 272.795) ont été utilisés en recherche fondamentale. Or, la transposabilité de cette recherche à l’homme est largement remise en question. (…) l’analyse de 25.000 articles scientifiques des six principaux journaux scientifiques en science fondamentale, notamment Nature, Cell et Science, a révélé un taux de transposition clinique de 0,004%1,2.
En quoi cette recherche est-elle donc indispensable ? D’autant plus que, comme le rappelle Mr Muraille, l’essentiel de la recherche fondamentale en sciences du vivant en Belgique est financé par l’Etat… C’est-à-dire par le contribuable.
Une recherche de qualité
Selon le FNRS, « la qualité de la recherche doit primer les aspects quantitatifs. Il convient donc d’attribuer plus de poids à l’originalité de la problématique, la portée des conclusions, la fiabilité des données de base et la certitude des résultats qu’à la rapidité de la dissémination du résultat et qu’au nombre de publications ».
S.E.A. appuie son argumentation en faveur des alternatives sur les publications de chercheurs qui remettent en cause depuis de nombreuses années la validité et la fiabilité des tests sur animaux. Si l’intention du FNRS est de privilégier la fiabilité des données, nous ne comprenons pas l’attitude de Mr Muraille, Maître de recherche au FNRS. Celui-ci accuse les parlementaires qui ont soutenu la proposition d’une réduction de 30 % du nombre d’animaux utilisés dans les laboratoires de faire preuve de dogmatisme idéologique, d’émotivité ou de pratiquer le racolage de voix plutôt que de mener une politique cohérente en faveur du bien commun. C’est injurier nos représentants politiques que de porter de telles accusations. Quant au bien commun, il semble être bien mis à mal…
La santé publique menacée
Actuellement, de nombreux scientifiques remettent en cause l’expérimentation animale qu’ils considèrent comme une source d’erreur mettant en danger la santé humaine.
Le public accepte l’expérimentation animale uniquement si celle-ci bénéficie aux humains. De nos jours, la validité des modèles animaux est évaluée par les revues systématiques et les méta-analyses des résultats de recherche, comparant ces derniers aux résultats des tests cliniques correspondants4. Si on prend l’expérimentation animale dans sa globalité, les résultats indiquent que moins de 50% des études réalisées sur des modèles animaux ont pu prédire avec succès des résultats chez l’homme (c’est pire que de jouer à pile ou face). De si faibles performances suscitent fortement une réévaluation de l’expérimentation animale combinée à un plus grand intérêt pour le développement de méthodes alternatives, sans recours aux modèles animaux, en recherche.
Néanmoins, malgré le manque de preuves systématiques de son efficacité, l’expérimentation animale en recherche fondamentale ne cesse de recevoir plus de fonds que les méthodes alternatives.
Les conséquences économiques
L’expérimentation animale engendre de nombreux coûts, notamment par le nombre d’animaux utilisés, par les conditions d’élevage ainsi que par la longueur des expériences.
Les méthodes alternatives (n’impliquant aucun recours à l’animal) présentent de nombreux avantages, dont, de manière non négligeable, une économie de temps et une rentabilité augmentée5.
Une comparaison des techniques in vitro versus modèles animaux a été réalisée par l’organisation Humane Society International, montrant les économies réalisables ; ces techniques in vitro pouvant être utilisées à haut débit d’automatisation avec des coûts nettement moindres que les modèles animaux6.
Les élections qui ont eu lieu ont montré l’intérêt des citoyens pour la condition animale, tant au niveau régional qu’au niveau européen. Nombreux sont les partis à l’avoir compris en intégrant dans leur programme un volet consacré aux animaux.
Notre système représentatif nous permet de choisir nos porte-parole. Ils sont la voix des citoyens et de leurs attentes.
En avril 2019, des parlementaires bruxellois avaient soumis une proposition de résolution afin de réduire l’utilisation des animaux dans les laboratoires, ceci dans le respect de la directive européenne de 2010. La pression des expérimentateurs sur animaux en avait empêché l’aboutissement.
Les élus sont nos porte-parole ; empêcher qu’ils puissent soumettre une résolution au parlement sous prétexte qu’ils pratiquent le racolage de voix (dixit Mr Muraille) relève des pratiques anti-démocratiques.
En tant qu’amis des animaux, nous nous réjouissons de pouvoir rencontrer nos élus et de continuer ainsi à relayer les préoccupations citoyennes quant au sort des animaux.
ASBL S.E.A. – Suppression des Expériences sur l’Animal
0497 62 00 89
Références
1. Contopoulos-Ioannidis, D. G., Ntzani, E. E. & Ioannidis, J. P. A. Translation of highly promising basic science research into clinical applications. Am. J. Med. 114, 477–484 (2003).
2. Crowley, W. F. Translation of basic research into useful treatments: How often does it occur? Am. J. Med. 114, 503–505 (2003).
3. Daneshian, M. No alternatives? Animal experimentation and the future of research. ALTEX 32, 390–391 (2015).
4. Hooijmans, C. R. & Ritskes-Hoitinga, M. Progress in Using Systematic Reviews of Animal Studies to Improve Translational Research. PLoS Med. 10, e1001482 (2013).
5. Norlen, H., Worth, A. P. & Gabbert, S. A tutorial for analysing the cost-effectiveness of alternative methods for assessing chemical toxicity: The case of acute oral toxicity prediction. ATLA Altern. to Lab. Anim. 42, 115–127 (2014).
6. https://www.hsi.org/news-media/time_and_cost/.
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