Une petite délégation de SEA s’est rendue au colloque qui se tenait le 18 février 2020 à la brasserie Sauvenière à Liège.
Il s’agissait d’une conférence très intéressante exposant les conséquences de l’alcool sur le fonctionnement du cerveau, lorsque l’alcool est ingéré en grandes quantités pendant l’adolescence : « Identification des altérations de traduction synaptique dans le cortex préfrontal induites par la consommation d’alcool pendant l’adolescence »
Une grande « découverte » ?: Les scientifiques peuvent à présent affirmer que, de grandes quantités d’alcool ingérées durant l’adolescence, avant que le cerveau ne soit mature à 25 ans, engendrent à l’âge adulte un manque de concentration, des troubles de mémoire,de l’anxiété, des troubles comportementaux, et favorisent le développement de maladies.
Ce qui interpellait SEA, c’était le fait que, dans la nature, les souris ne sont pas si alcooliques… ¨[1]
Dans le résumé de son travail écrit, l’expérimentateur, Mme Sophie Laguesse (GIGA – Université de Liège), mentionne 250 souris pour son expérience.
A une question posée par SEA :
Que sont devenues vos souris ?
Mme Laguesse a répondu, en substance devant le public :
Mes souris ne sont pas malades. Il n’y a pas les symptômes de sevrage et de mal-être qui peuvent exister chez les humains. [2] Elle ont été testées pour leur comportement à l’âge adulte, puis ont continué leur vie en cage.
Cependant, dans ses travaux écrits, l’expérimentateur parle d’euthanasie des souris après opération, ou après troubles comportementaux.
Cette affirmation énoncée en public est perturbante. La vérité complète n’est-elle pas bonne à dire ?
A une autre question de SEA :
Quel est l’intérêt pour l’être humain de rendre des souris dépendantes de l’alcool. Qu’en est-il de la règle des 3 R (en particulier du remplacement des animaux par des méthodes alternatives sans animaux) ?
L’expérimentateur a répondu que des méthodes alternatives avaient déjà été utilisées sans succès, et que cette expérimentation essayait de mieux comprendre pour créer de nouveaux médicaments et développer de nouvelles molécules.
Et que le nombre de 250 souris était le maximum prévu pour un programme de 5 ans.
Les questions que se pose maintenant SEA :
Faut-il encore de nos jours de tels sacrifices ?
Toutes ces constatations « scientifiques » ne peuvent-elles être faites sur les (trop nombreux) alcooliques humains ? Si l’on peut à présent examiner le cerveau de Mathieu Ricard et voir comment les connexions de son cerveau ont été modifiées par la méditation, ne peut-on utiliser nos appareils médicaux pour analyser les effets de l’alcoolisme ?
Si l’on peut analyser le squelette d’une momie datant de milliers d’années grâce à nos appareils médicaux, nous faut-il autant de chair fraîche de souris adolescentes ?
Sur qui va-t-on tester les nouveaux médicaments, sur des souris dépendantes ou indépendantes ?
Bien sûr, il faut pouvoir justifier les subsides consacrés aux études scientifiques, il faut produire des résultats quantifiables et franchissant toutes les étapes imposées, puis répétables à souhait. Sans doute vaut-il mieux être le premier ou la première à réaliser ce type d’expériences.
Cet argent ne serait-il pas mieux investi dans la prévention, scolaire notamment ? Dans l’accompagnement des adolescents ?
Cette expérience rend-elle quelqu’un heureux ?
Qui peut la raconter en détail le soir, à ses petits enfants, jusqu’à la fin, jusqu’à l’euthanasie ? Images à l’appui ?
Nous ne sommes en rien opposés au progrès de la science. Mais il est temps de recourir à des méthodes modernes pour y parvenir. Nous ne pouvons pas continuer à exploiter les autres espèces. Jusqu’à l’absurde ?
Peut-être les communautés scientifiques ont-elles besoin de l’opinion publique pour s’orienter davantage vers le respect des espèces considérées comme inférieures.
[1] Le Résumé non technique et non confidentiel publié par Mme LAGUESSE explique que les souris C57BI/6 qu’elle utilise dans le cadre de son expérience ne sont que 20 % à consommer volontairement de l’alcool sans avoir recours à une privation de nourriture ou autres méthodes d’administration plus agressives (injection, gavage,…) – Source : http://bienetreanimal.wallonie.be/home/animaux/autres-animaux/animaux-dexperience.html
[2] Quel est donc l’intérêt d’une telle étude ?
2018-46
(c) Marie-Rose LEDUC, Solange T’kint.
vidéo, audio, mise en page, Yves Dalcq.
Andre Menache
J’ajouterais une petite question : où sont les preuves que le model murin est prédictif pour l’homme ?Cette question se pose à la lumière du fait qu’un système évolutif complexe (la souris) ne peut pasprédire l’effet d’une perturbation (la consommation d’alcool) sur un autre système évolutif complexe (l’homme).Si la chercheuse ne comprend pas ce principe fondamentale, elle devrait peut-être retourner à l’écoleou sinon choisir une autre carrière.
2,992 total views, 1 views today