CONTRIBUTION AUX CAHIERS DE LA COLÈRE ET DE L’ESPOIR

LA LOI DU PLUS FORT À SON SOMMET

Jeudi 26 Novembre 2020Andre MENACHE
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Les chercheurs qui utilisent des animaux ne sont pas habitués à être placés sous les projecteurs. Ils pratiquent leur métier dans des laboratoires bien protégés des intrusions du public. Ils ne sortent de leur isolement que pour annoncer une avancée importante dans la lutte contre le cancer (ou autre maladie grave) grâce à une découverte utilisant des souris ou toute autre espèce animale. Leur seul vrai souci est de trouver des subventions pour l’étude animale qui suivra, d’où l’importance de signaler de « bonnes nouvelles » dans les médias de temps en temps. Le public fait confiance aux hommes et aux femmes en blouses blanches ; il en est ainsi depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, époque à laquelle les essais sur des animaux ont été rendus obligatoires dans certains cas.
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Heureusement, les choses évoluent mais au prix de révélations de plus en plus inquiétantes. Certes, le public est exposé de temps en temps aux images chocs d’animaux torturés dans des laboratoires, tournées en caméra cachée. Images perturbantes mais qui ne remettent pas en question le bien-fondé scientifique de l’expérimentation animale. Or, les preuves de cette absence de fondement scientifique existent, circulant en vase clos au sein de la communauté scientifique. À nous de les révéler au grand public.
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Commençons par la bien nommée « crise de la reproductibilité ». Une fois publiée, une expérience sur des animaux doit être reproductible. C’est le principe de la publication scientifique où l’on détaille le matériel et la méthode utilisés. Or, il s’avère que la recherche animale est en grande partie non reproductible (1). « Est-ce de la fraude ? C’est le mot qui fâche et qui n’est quasiment jamais prononcé, comme lapin sur un bateau, ou corruption dans un congrès politique. Oui, cette crise de reproductibilité est un euphémisme car l’envie de réussir fausse parfois le jugement des chercheurs », estime Dominique Dupagne, chroniqueur à France Inter. (2).
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La plupart des recherches scientifiques sont fausses. Telle est la conclusion d’un article de PLOS, périodique scientifique réputé, publié en 2005 : « Nos simulations montrent que dans la plupart des cadres expérimentaux il est moins probable qu’une conclusion scientifique soit vraie que fausse. » (Ioannidis 2005). Depuis, ce constat préoccupant semble avoir été confirmé. Une enquête menée sur 1.576 chercheurs par Nature en 2016 souligne que plus de 70 % d’entre eux échouent à reproduire des expériences antérieurement publiées et qu’ils admettent à plus de 90% qu’il existe une véritable « crise de la reproductibilité » (3).
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L’aberration persiste malgré les constats des chercheurs eux-mêmes. Pourtant il s’agit de millions d’animaux utilisés et tués tous les ans et de subventions importantes de la part du citoyen (par le biais de dons ou d’impôts). Comment remédier à une telle situation ? Plus de transparence dans un premier temps, beaucoup plus de transparence. Il ne suffit pas de rendre publics des « résumés non techniques” des demandes soumises par les chercheurs et ayant reçu une autorisation deux ou trois ans auparavant, car il est alors trop tard pour arrêter le projet.
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Prenons comme exemple des extraits du résumé technique suivant parmi les plus récents (publiés par le ministère de la Recherche en 2017) (4). On justifie l’étude animale en précisant l’importance de trouver un traitement pour une maladie grave chez l’homme. Première phrase de ce résumé technique : « Le cancer du foie est un des cancers les plus mortels et les plus répandus dans la population humaine ». Les chercheurs expliquent ensuite qu’il est possible de rendre des souris (mâles) malades et susceptibles au cancer du foie en leur administrant un agent chimique toxique mélangé à une alimentation très riche en lipides. Ce « modèle animal » doit permettre d’étudier l’efficacité d’une certaine protéine contre le cancer. Le nombre de souris engagées dans ces expériences est évalué à 832, en suivant la règle des 3 R « Remplacer, Réduire, Raffiner ». Selon les auteurs, « il n’existe aucun moyen de remplacer de telles études qui englobent l’ensemble de l’organisme dans sa réponse physiopathologique, et que seule l’expérimentation animale permet un suivi complet de la maladie depuis ses phases les plus précoces. »
Apparemment, les chercheurs et les membres du comité d’éthique, ne se sont pas demandé si une souris rendue malade de façon artificielle pourrait révéler l’efficacité d’une protéine chez des patients atteints de cancer du foie. Est-ce possible que tous ces scientifiques ignorent le fait que nous sommes séparés des souris par 90 millions d’années d’évolution ? Que cela fait des décennies que l’on guérit des cancers chez les souris dans les laboratoires mais que ces traitements ne s’appliquent pas avec succès à l’homme au vu des différences génétiques entre nos deux espèces ? Où sont les preuves que le « modèle animal » est pertinent et fiable vis-à-vis de la santé humaine ? Au contraire, nous avons des preuves scientifiques qu’aucune espèce animale n’est un modèle biologique pour une autre (5, 6, 7).
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Depuis 2015, le NIH (National Institutes of Health, USA), le plus grand organisme de recherche biomédicale au monde, ne finance plus la recherche sur les chimpanzés. Cette décision fait suite à une évaluation strictement scientifique, demandée deux ans plus tôt à l’Institut de Médecine (IOM, USA) (8).
Le chimpanzé est notre plus proche cousin dans l’évolution, donc le meilleur « modèle » possible, s’il en existait. Toutes les autres espèces étant plus éloignées de nous en termes d’évolution, il faut conclure qu’elles seraient d’encore moins bons « modèles ». La chute du premier domino « chimpanzé » devrait donc entraîner celle de tous les autres dominos « autres primates », « chien », « rat », « souris », « poisson-zèbre », « pinson »…
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La question qui se pose dès lors est : la France sera-t-elle parmi les premiers pays, ou parmi les derniers, à reconnaître la faillite du modèle animal et la nécessité de son remplacement par les meilleures technologies de ce 21ème siècle ?
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Références bibliographiques
https://www.pcrm.org/news/good-science-digest/failure-replicate-big-nail-animal-research-coffin
https://www.franceinter.fr/emissions/sante-polemique/sante-polemique-30-avril-2019
https://wwz.ifremer.fr/blp/Focus/La-recherche-en-crise-de-reproductibilite

Cliquer pour accéder à resumes_de_5201_5300_2017_985582.pdf

https://antidote-europe.eu/se-passer-des-modeles-animaux/
https://antidote-europe.eu/recherche-biomedicale-beaucoup-de-gaspillage/
https://antidote-europe.eu/recherche-animale-bmj/
https://antidote-europe.eu/nih-refuse-financer-recherches-chimpanze/

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