4 octobre 2023 – Les animaux dans les laboratoires ne doivent pas être les oubliés de la journée mondiale des animaux

Le bien-être et la maltraitance sont les deux faces de la même médaille, la condition animale. Nous aimerions pouvoir nous émouvoir devant de la maladresse de charmants chiots et sourire des acrobaties d’un chaton. Malheureusement, nous savons aussi que, sans parler de maltraitance individuelle, notre système repose sur des élevages industriels dans lesquels des millions d’animaux sont exploités et que notre science prétend utiliser des animaux pour mieux soigner l’être humain.

Depuis 1985, S.E.A. (Suppression des Expériences sur l’Animal) se bat non seulement contre les souffrances infligées aux animaux dans les laboratoires mais aussi contre des méthodes de recherche qui n’ont pas changé depuis Claude Bernard. A cette époque, lors de débats télévisés pendant lesquels se confrontaient les défenseurs des animaux et les expérimentateurs, ces derniers adoptaient l’attitude de ceux qui savent « raison garder » face au discours qualifié d’émotionnel des protecteurs des animaux.

Entre autres avancées stupéfiantes, cette attitude raisonnable a produit les tests de nage forcée pendant lesquels des souris rendues alcooliques sont plongées jusqu’ à épuisement dans des récipients remplis d’eau « afin de les rendre dépressives » et de pouvoir tester sur elles de nouvelles molécules. Mentionnons aussi les souris adultes, mâles et femelles qui sont obligées d’ingurgiter de l’alcool afin de démontrer que la dépendance à l’alcool entraîne des troubles de l’apprentissage et des comportements inadaptés. Les souris et les rats rendus dépendants aux drogues sont tenus d’effectuer des parcours qui permettraient de constater que la dépendance aux drogues affecte elle aussi les capacités d’apprentissage. On reste sans voix devant de telles prouesses scientifiques.

S.E.A milite depuis 40 ans pour la généralisation des méthodes alternatives sans animaux. Il n’aura échappé à personne que les scientifiques ont aujourd’hui à leur disposition des outils tels que la simulation informatique, les cultures cellulaires, les cultures d’organes, la toxicogénomique, les «organes sur puce » c’est-à-dire des organes humains miniatures reconstitués à partir de cellules cultivées ou de déchets chirurgicaux[1]. Comment dans une société technologique avancée, prônant l’innovation peut-on continuer à se complaire dans l’utilisation de méthodes archaïques dont les animaux sont les premières victimes ?

Les laboratoires d’expérimentation animale ne sont accessibles qu’à ceux qui y travaillent. Ce sont des lieux extrêmement sécurisés, contrôlés par des services de sécurité et de gardiennage, des caméras et des codes d’accès. Pourtant, les expérimentateurs sur animaux le disent et le répètent aujourd’hui encore la bouche en coeur, ils n’ont rien à cacher, leurs expériences ont un caractère scientifique, respectent les protocoles et se font avec l’accord des commissions d’éthique, en toute transparence.

En 2020, un projet d’arrêté encadrant l’expérimentation animale et encourageant l’utilisation des alternatives par des contrôles enfin efficaces dans laboratoires avait directement été bloqué par les universités. En 2022, la mise en place d’un « comité wallon pour la protection des animaux d’expérience » qui, au préalable, spécifiait que « les expérimentateurs sur animaux ou les responsables de laboratoires ne devaient pas en faire partie » a été revu et corrigé après un intense lobbying de l’expérimentation animale. Ce comité censé protéger les animaux est maintenant essentiellement composé d’utilisateurs d’animaux dans les laboratoires et de personnes liées aux universités. On est donc loin de la promesse de transparence des laboratoires. La stratégie mise en place par les expérimentateurs sur animaux vise à bloquer toute réforme de la législation. Elle révèle une aversion radicale au changement et ne vise qu’à maintenir le huis-clos qui existe actuellement dans les laboratoires.

Cette volonté de faire barrage à l’innovation n’empêche pas la recherche animale d’être en crise aujourd’hui.  Les expérimentateurs se présentent comme étant les victimes « de certains activistes de la cause animale » (c’est ainsi qu’ils considèrent S.E.A.) Nous pensons que la vraie raison de leur malaise est l’évolution de l’opinion publique, non seulement en Belgique mais également dans l’Union Européenne où 68 % des citoyens seraient opposés à la recherche utilisant des animaux. [2]

L’expérimentation animale engendre de nombreux coûts liés aussi bien aux conditions d’élevage qu’à la longueur des expériences, ces dépenses étant financées par les contribuables bien malgré eux.

Les méthodes alternatives présentent de nombreux avantages dont, de manière non négligeable, une économie de temps et une rentabilité augmentée.

Ce 4 octobre, c’est la journée mondiale des animaux. Nous sommes de plus en plus nombreux à dénoncer les souffrances infligées aux animaux dans les laboratoires et à légitimement demander que des méthodes de recherche fiables et modernes soient utilisées. En 2021, 477.675 animaux ont été sacrifiés dans les laboratoires belges. Des expériences dites de « sévère gravité, c’est-à-dire provoquant de grandes souffrances ont été menées sur 50.858 animaux. C’est au nom de ces 477.675 animaux et des citoyens qui les défendent que nous nous exprimons aujourd’hui.

[1] De nombreux laboratoires (aux USA, Canada, Japon, Australie, Autriche, Pays-Bas, Royaume-Uni, Allemagne…) sont ainsi parvenus à obtenir des organoïdes humains d’intestin, d’estomac, de pancréas, de cerveau, de prostate, de poumon, de rétine, de rein, de tissu mammaire, de foie. Selon les scientifiques impliqués dans ces réalisations techniques, ces mini-organes in vitro peuvent servir de modèles pour étudier des pathologies humaines. Une application réaliste consiste à fournir un outil rapide, rentable et fiable pour tester des molécules thérapeutiques, évaluer des risques de toxicité, et comparer des thérapies. Une entreprise Suisse (Qgel) a ainsi mis au point des organoïdes tumoraux, à partir de biopsies, ce qui permettrait de comparer rapidement l’efficacité de différentes thérapies anticancéreuses et de personnaliser les traitements.

https://www.cairn.info/revue-philosophique-2019-3-page-309.htm?ref=doi

[2] http://ec.europa.eu/environment/chemicals/lab_animals/pdf/results_citizens.pdf

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